Et les poissons partirent combattre les hommes

de Angelica Liddell Mise en scène Catherine Toussaint Compagnie Cie La Strada Lieu de création La Salamandre • Vitry-le-François Date Jan. 2010 Poste Scénographie et accessoires

La pièce

« L’apothéose de la bourgeoisie est de ne pas reconnaître la mélancolie chez le reste des hommes.
 Quelle est la mélancolie du noyé ?
 Je descends dans le cul d’un requin pour le savoir.»

Il y a des textes qui vous laissent sans voix.
Vous les prenez sur la tête comme un coup de massue.
Celui d’Angélica Liddell « Et les poissons partirent combattre les hommes » en est un.
Ici, pas de sentimentalisme, pas d’apitoiements douteux, pas de bienséance d’usage.
Le théâtre d’Angélica Liddell s’appuierait plutôt sur un mode de radicalité, de frontalité immédiate.
L’auteur s’adresse directement à l’ homme politique.
Disons qu’une femme qui possède et utilise le langage s’adresse à un homme qui possède et manie le même langage.
D’égale à égal.
De femme civilisée à homme civilisé, et puisque la civilisation impose le masque, d’individu masqué à individu masqué.
Jeu de travestissement autorisant l’auteur à la transgression, au cri, à la colère, à l’indignation.
Pour dire quoi ? Pour évoquer quoi ?
L’indicible. L’inénarrable.
Raccourci stupéfiant d’un fait divers.
Quelques naufragés clandestins tombés d’une barque, quelque part entre le Maroc et l’Espagne.
Rien du tout.
Fait divers maintes fois répété , ce n’est déjà plus une tragédie.
Une réalité qui finit par devenir banale.
Imaginer un miracle pour la transcender.
Un miracle digne de la multiplication des pains et des poissons.
Un miracle qui remettrait tout en question.
Qui ferait tomber les masques.
Qui emporterait tout sur son passage.
Le paternalisme douteux du discours de Dakar.
Les perspectives enjouées du projet d’Union pour la Méditerranée.
L’impressionnant barrage de lois, de directives et de moyens technologiques que l’Europe déploie contre les flux migratoires.
Un miracle qui ratisserait tout, tel un cyclone.
Qui nous ramènerait au désert.
Au commencement.
A l’origine.
A l’homme–poisson.

Texte de Catherine Toussaint.

L’équipe


Avec
Elena Lloria Abascal
Massimo Biacchi
Joël Lokossou
François Cancelli

Mise en scène Catherine Toussaint

Scénographie et accessoires Marguerite Rousseau
Peinture décor Corinne Martin, Marguerite Rousseau
Lumières Daniel Linard
Costumes
Gingolph Gateau
Musique Uriel Barthélémi
Maquillages
Nathy Polak
Chorégraphie Maasimo Biacchi

 

Dessins

Maquette

Peinture de la toile